Questionnaire

#1

Parlons d’abord de votre livre. Pouvez-vous le résumer en quelques phrases ?

 

Bonjour,
Ce sont souvent les lecteurs qui parlent le mieux des livres, voici ce qu’en dit Plume d’Encre, une de mes fidèles lectrices :
« Pour le fond, on retrouve tous les ingrédients caractéristiques du genre polar : crime, suspects, fausses pistes et faux-semblants. C'est dans la forme que cet écrit diffère : l'auteur a en effet choisi la lettre comme moyen d'expression pour faire avancer son énigme pas à pas. On ne peut que saluer cette prise de risque, sortir des sentiers battus ne fait pas de mal. L'intrigue est prenante, les rouages bien huilés, rien n'est laissé au hasard jusqu'au twist final. On retrouvera ici la thématique du monstre "normal", chère à l'auteur. Tout dépend du côté de la société dans lequel on se trouve : le meurtre d'une jeune femme peut horrifier, réclamant d'être élucidé puis puni, alors que plane encore sur le Bassin d'Arcachon l'ombre des fantômes de milliers de tirailleurs sénégalais sacrifiés sans état d'âme au cours de la Première Guerre mondiale... Mais pas de jugement, pas de leçon de morale, seulement des faits qui nous confrontent au mal et nous interrogent, jusqu'au plus profond de nous-mêmes. »

#2

Quelle a été votre source d’inspiration, l’évènement qui vous a poussé à écrire ce livre ?

 

Mes sources d’inspiration sont multiples. Tout d’abord, je connais un peu le Sud-Ouest pour y avoir habité. J’avais écrit par ailleurs un texte où deux évènements se téléscopaient, un drame qui a secoué le monde il y a un peu plus de dix ans et un second, survenant dans la vie d’un seul homme, le même jour. Je trouvais ce rapprochement intéressant, non que les faits et la gravité soient comparables, et cela n’enlève rien à l’horreur du premier, mais je me suis posée la question de ce regard que l’on porte sur les évènements, à plusieurs niveaux, en fonction de sa propre implication dans l’un ou l’autre et de ce que l'on est en train de vivre. Enfin, je suis une lectrice de romans policiers et je voulais tenter l’expérience.

J’ai d’autres sources d’inspiration, mais celles-ci sont plus ou moins conscientes. Je m’attache à raconter des histoires ancrées dans le monde d’aujourd’hui, tenter de dire le réel, la plupart du temps, mais cela reste toujours de la fiction. Dans mes livres, il n’y a pas de héros, juste des êtres humains.

#3

Une bonne raison de lire votre livre ?

Son originalité, quant à la forme. Un ami a dit de mon livre que c’était un genre à lui tout seul. En effet, c’est un roman policier écrit sous une forme épistolaire. Le personnage principal est en prison et écrit à sa fille.
A l’heure d’internet et du zapping, seuls certaines situations particulières nous conduitsent à attraper une feuille de papier pour y coucher de longues phrases destinées à d’autres… Il y a aussi  des lieux, des circonstances où le temps prends une autre dimension et j'aime assez ces moments-là.
Il raconte son histoire, à sa manière, depuis le jour du drame, sous forme de compte à rebours - il compte en effet les jours qui le séparent de sa sortie de prison. A travers ses lettres, il va revivre les évènements et parler de lui aussi.

Bien entendu, il y a un meurtre, un commissaire, des présumés coupables, une intrigue policière, mais je ne vais pas tout dévoiler.
Enfin, ce fut intéressant pour moi d’essayer - je dis bien essayer- de mener à bien toute cette temporalité, raconter aujourd’hui, hier, avant-hier… et l'avenir.

#4

Pourquoi avez-vous choisi l’autoédition ? Avez-vous déjà publié par ailleurs chez un éditeur ?

Quand j’ai terminé mon premier récit, l’idée m’est venue tout naturellement de le publier et pour cela, j’ai cherché un imprimeur pour en faire quelques exemplaires. J’ai bien pensé à un éditeur oui, mais comme je fais plutôt dans le format court, je me suis dit que je n’allais pas perdre mon temps et mon énergie à tenter une entreprise qui était, pour moi, vouée à l’échec dès le départ. Par ailleurs, cela me paraissait assez prétentieux de ma part d'envoyer un manuscrit à un éditeur ; je me disais que personne n'en voudrait. A cette époque, pas si lointaine -2011-, je ne connaissais pas du tout l’édition numérique, de la même manière que je connais très mal le monde de l'édition traditionnelle.

J’avais croisé un éditeur après la sortie de mon premier texte et il l'avait inscrit dans son catalogue? Malheureusement, cette expérience n’a pas été concluante et j'ai repris mes droits au bout d'un an. J’ai par ailleurs répondu à un appel à textes il y a quelques mois pour une nouvelle érotique. Elle est éditée traditionnellement en numérique.

Se dire que l’on mène tout, du début à la fin, cela évite les déceptions et les rancoeurs. Si une étape est ratée, on ne s’en prend qu’à soi-même. Cela évite les déceptions que l’on peut avoir avec des éditeurs. Et si l'on arrive à vendre quelques centaines d'exemplaires, c'est assez gratifiant.

#5

Parlons de vous : depuis quand écrivez-vous ? Comment vous est venue l’envie d’écrire ?

J’écris depuis cinq ans. La fin d’une vie professionnelle qui se profiflait, peut-être. Envie de découvrir et de m’approprier un univers nouveau et celui de l'écriture de fiction me tentait.  Ce fut aussi une opportunité, celle de fréquenter des ateliers d’écriture. Je me suis rendue compte que j’aimais raconter des vies qui n'étaient pas les miennes et que j'inventais. J'ai donc continué.

#6

Avez-vous des rituels d’écriture ? Comment cherchez-vous l’inspiration pour vos livres ?

Je n’ai pas vraiment de rituels ; je dirais plutôt que j’ai des habitudes. Je construit toujours l’histoire dans ma tête avant de me mettre à écrire -papier ou clavier-. Quand je commence à écrire, certains personnages existent déjà et les grandes lignes de l’histoire aussi. Je peux écrire n’importe où et sur papier autant que sur un ordinateur, et dans n’importe quel lieu. Et comme j’écris beaucoup dans ma tête, c’est facile à transporter… La tête d’un auteur en train d’écrire un livre est une grand cocotte qui brasse des tas d’idées et émet tant de pistes possibles pour raconter son histoire… Le choix de telle ou telle se fait, pour moi, au fur et à mesure que l’histoire se précise sur le « papier ». Il arrive aussi que mes personnages prennent des chemins différents de ce qui était prévu…

Je fixe souvent des cadres - même si je ne m'interdis pas d'en sortir -, cela évite l'éparpillement. Ça donne un minimum de cohérence à mon travail. Ce peut être un cadre restreint : le genre, comme pour la nouvelle érotique, ou la forme, comme pour Les ballerines bleues. Tous les auteurs le savent, l’écriture est un travail et chacun a ses méthodes.

Pour moi, tout est inspiration : à partir du moment où on est dans un livre, outre la documentation nécessaire, tout est inspiration : ce que l’on voit, ce que l’on vit, ce que l’on sait, ou croit savoir, parler de ce que l'on ne saura jamais...

#7

Quels sont vos auteurs favoris, ceux qui vous inspirent ou que vous considérez comme vos modèles ?

Il y a des histoires, surtout des « voix » qui me parlent plus que d'autres, que ce soient des auteurs classiques ou contemporains. Je lis beaucoup les contemporains, mais je n’en citerai aucun parce que je vais en oublier et je le regretterai…
Pour faire court, je dirais que j’aime les auteurs qui explorent la nature humaine, qui parle de notre quotidien, de ce que nous sommes, que j'ai horreur des donneurs de leçon, que je ne crois pas aux recettes magiques qui, par ailleurs, n'existent pas. J'aime la littérature qui interroge, pas celle qui fournit des solutions toutes faites.
Et j’aime aussi établir une sorte de complicité avec le lecteur. Il m’a été reproché quelquefois de ne pas écrire de « morale » à la fin d’une histoire, ou de ne pas décortiquer certaines scènes dans mes livres, de ne pas tout expliquer. A ceci, je réponds qu’un auteur n’a pas réponse à tout, et que ça n’est pas le but de la littérature -c’est mon avis. Par ailleurs, je fais confiance au lecteur, il ne faut pas tout lui mâcher, il est capable de comprendre. Si un mot dans l’histoire permet de comprendre le dénouement, s’il prend du plaisir à lire le livre, il va le trouver, il n’est pas utile d’en faire un chapitre. Je reprendrai cette phrase que j'ai entendu et qui n'est donc pas de moi : "Il faut tirer le tapis sous le pied du lecteur". J'aime les auteurs qui fonctionnent de cette manière et c'est dans ces moments-là que je pense que s'établit la complicité entre l'auteur et le lecteur.

#8

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui rêve d’écrire un livre mais n’a jamais osé se lancer ?

Qu’il ne faut pas hésiter. C’est beaucoup d’énergie, de temps. Que l’on ne rencontre pas toujours ses lecteurs la première fois mais qu’il ne faut pas se décourager, que plus on écrit, plus on acquiert de l’expérience. Que la réalité des auto-édités est faite de solidarité mais aussi de solitude et parfois de mépris. Qu’il ne faut pas avoir la grosse tête mais mener son projet de manière sérieuse. Et aussi qu’il faut s’armer de patience et de courage. Qu'il peut y avoir aussi des lendemains qui déchantent. Tracer sa route et s’y tenir. Parce que c'est aussi du plaisir.

En réalité, je suis très mal placée pour donner des conseils aux autres. Je n’ai que ma propre expérience. A l'aspirant écrivain, je souhaite beaucoup de chance. Une seule chose est certaine, si vous avez envie d’écrire, faites-le. Il ne faut pas vivre de frustrations.

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